*** Où va la France ? (1)
Ci-dessous, l'extrait d'un Petit courrier de mai 2005, dont la plupart des formations politiques représentées à l'Assemblée Nationale ont accusé réception.
... Où va la France ?
Il me semble que c'est Henri Salvador qui prononce ces mots, dans une de ses chansons.
"Comment la France a perdu l'Afrique", dixit Stephen Smith et Antoine Glaser (Calmann-Lévy).
Par parenthèse, il y a des décennies que les Libanais se sont implantés en Afrique Noire, avec un certain succès ; cela vaut aussi pour les Chinois, dont les premières réalisations ne sont pas si récentes que ça ; personne n'a dit, à l'époque, que les entrepreneurs français avaient perdu l'Afrique. Ce qui est vrai, en revanche, c'est que la mondialisation avance partout, en Afrique aussi : par exemple, une de mes connaissances, grande commerçante, achetait, autrefois, tout son matériel en France. Désormais, quand elle appelle de Roissy-Charles de Gaulle, c'est qu'elle est en transit vers (ou de) Singapour !
Comment la France va-t-elle rebondir ? C'est pourtant simple !
Tout le monde sait que la référence absolue des démocratures africaines – allergiques au système parlementaire à l'Allemande –, c'est la France. Ce qui fait que le rejet manifesté par les peuples, notamment les couches les plus jeunes, envers leurs potentats locaux, risque de se traduire par une méfiance automatique envers la France, coupable d'exporter et d'entretenir son modèle autocratique dans ses ex-colonies, en faisant ami-ami avec les plus sanglantes fripouilles du continent. (1) Difficile, dans ces conditions, de pouvoir prétendre encore jouer un rôle positif auprès des opinions publiques.
Le problème est que, contrairement à tout ce qu'on dit, ici ou là, dans le marasme ambiant que traverse la France, notamment en Afrique, Jacques Chirac n'est pas le meilleur "client" pour sortir la France de ce mauvais pas ; il est le seul ! Je ne suis pas en train d'exprimer une préférence politique mais un simple constat : les autres, tous les autres, ignorent à peu près tout du continent africain ; or, un bon président français doit avoir le pied africain, comme on a le pied marin. Et ce pied africain, Chirac l'a, et il est bien le seul (avec, depuis peu, Mme Alliot-Marie).
Voilà pourquoi, moi, si j'étais Chirac (!), j'annoncerais solennellement aux Français pourquoi j'entends abandonner au Premier Ministre le soin de présider, à l'avenir, le Conseil des Ministres, avec, comme corollaire, le rétablissement du parlement dans ses prérogatives, le tout assorti de la nomination du Premier Ministre par la majorité des deux chambres et de l'abrogation de l'article 49-3. Et, pour marquer le coup, je convoque le Congrès dès l'automne, et pourquoi pas un referendum, pour faire approuver, par le peuple, ce sérieux dépoussiérage constitutionnel ?
En ces temps de construction européenne brouillée et de mondialisation hasardeuse, un partage des tâches entre Président et Premier Ministre s'impose : la relance du processus européen va réclamer du Président français un engagement de tous les instants, ce qui justifierait largement qu'il laissât au Premier Ministre le soin de diriger la politique du pays, au plus près de la majorité parlementaire.
Et maintenant, dites-moi qui, dans la classe politique française, oserait faire la fine bouche voire dénoncer ces changements constitutionnels, en me traitant (moi, Chirac !) de manipulateur, voire de dictateur ?
Sortie du bonapartisme, la France redeviendrait, automatiquement, la référence pour tous les démocrates, en Afrique et ailleurs, qui en ont plus qu'assez des démocratures incarnées par les Bongo, Eyadema, Sassou Ngesso et autres simili dictateurs !
Mais je ne suis pas Jacques Chirac !
(1) Tout le monde se souvient du sémillant Thierry Saussez, tombant dans les bras de l'immonde Sassou Ngesso, fraîchement rétabli, dans le sang, comme Président de la République du Congo, à Brazzaville.
(...)
*** Où va la France ? (2)
** P… deux ans !
La France est certainement le seul pays au monde, où un énorme parti majoritaire se retrouve quasiment et presque systématiquement en perdition, à peine deux ans après son triomphe ! J'en connais, des chefs de gouvernement, dans le monde, qui doivent se tirer les cheveux en s'écriant : "But how is it possible?"
Si j'ai bonne mémoire, Mitterrand et Kohl sont arrivés aux affaires à peu près à la même époque, à un an près. Seulement voilà : si l'Allemagne a connu un seul chancelier durant seize ans, en deux septennats, Mitterrand a usé… combien de premiers ministres déjà ?
Et à chaque fois, ça recommence, malgré les (ou à cause des) experts en communication, malgré les (ou à cause des) sondages. Au bout de deux ans, voilà que l'on raconte, partout, que les Français veulent du changement, ce qui passerait, nécessairement, par un changement à Matignon…
Moi qui ne suis encarté à aucun parti, voire qui serais volontiers tenté d'opter pour la pêche à la ligne, tant le débat politicien me paraît chaque jour plus indigent, je me dis qu'il y a tout de même quelque chose d'étrange dans ce pays !
En aéronautique, on parle d'heures de vol pour caractériser l'expérience d'un pilote. Et dans ce domaine, comme dans d'autres, l'expérience, ça n'a pas de prix ! Seulement, voilà : les Français veulent changer de premier ministre ? Très bien ! Mais pour le remplacer par qui ? Par quelqu'un de plus… ou de moins expérimenté ? Et c'est là qu'on dresse la liste des candidats potentiels : en commençant par tous ceux qui ont (au minimum) l'expérience du poste. Á droite, Messmer, Barre, Juppé (Chirac n'est plus libre) ; il y aurait bien Giscard… Et puis c'est tout ! Autant dire que la probabilité de remplacer le ci-devant premier ministre par quelqu'un d'au moins aussi expérimenté, à ce poste, est tout simplement NULLE !
Et c'est là qu'avec ma petite expérience de pédagogue, je me dis : "ma parole, le microcosme politico-médiatique français serait-il devenu fou ?"
Le fait est que la France est probablement, parmi toutes les grandes puissances, celle dont les chefs de gouvernement totalisent, en moyenne, le plus faible nombre d'"heures de vol" ! Et il y en a, à droite comme à gauche, qui en redemandent… C'est fou !
Autre chose : en pédagogie, l'usage veut que ce soit celui qui commet une faute qui soit aussi le mieux placé (le plus indiqué) pour la rectifier. Voilà pourquoi, moi, chef de gouvernement, j'aurais conservé ma confiance à toute l'équipe Raffarin II, dont la plupart (notamment MM. Mer, Ferry, Mattéi) auraient mis un point d'honneur pour rattraper l'une ou l'autre bourde qu'ils auraient pu commettre dans le passé.
Mais je ne suis pas Premier Ministre ni Président de la République !
(...)
** Á des années-lumière du peuple
Les chiens ne faisant pas de chats, le problème avec les "communicants", c'est que le petit univers dans lequel ils végètent leur tient lieu d'alpha et d'oméga ! Et à défaut de vivre au contact des petites gens, ils n'ont rien trouvé de mieux que de se fabriquer un peuple de substitution (un millier de personnes, tout au plus), qu'ils appellent "les Français" : 65 % des Français pensent que…, 57 % des Français disent que… Ce qui nous a valu, en 1995, le fameux "qui au deuxième tour contre Edouard Balladur ?"
Les sondages se sont-ils plantés ? Quelle importance ! On a vite fait de les oublier ! J'estime, quant à moi, que les dirigeants politiques se trompent lourdement, en prenant pour le peuple ce qui n'en constitue souvent qu'un mauvais et microscopique ersatz fabriqué à coups de sondages !
(...)
** Raffarin et l'"enfer" socialiste
Une réunion publique, à laquelle participent divers dirigeants européens… Je prête une oreille distraite au reportage télévisé ; discours du Premier Ministre français : (…) "Comme disait mon collègue bosniaque, déclarant que… le chemin menant vers le socialisme… entre paradis et enfer…", et c'est là que M. Raffarin embraye sur la situation française…, où l'on serait encore au purgatoire car il y aurait encore des socialistes !
Voilà ce que j'ai entendu, un jour, à la télévision (entendu parce que, lorsque je suis devant mon ordinateur, je tourne le dos à la télévision). Je dois dire que, sur le moment, j'ai trouvé la chose très drôle, et c'est encore le cas, aujourd'hui, surtout parce que la réponse venait du tac au tac !
Quel tollé, le lendemain ! Le Premier Ministre offense la gauche ; le Président de la République doit rappeler les bonnes manières à son premier ministre…; jusqu'à ce papier incendiaire dans Le Monde (Récidive, Pierre Georges, 3 juillet 2003).
Extraits :
Pour un bon mot, pour un mot de tréteau, pour un foie socialiste et donc bien rosé, que ne donnerait notre premier ministre ? M. Raffarin, c'est un fait, raffarine. De plus en plus. De mieux en mieux. Il mouline des formules, au grand moulin des métaphores. Il bat des bras comme des ailes. Il fait du troc d'esprit, esprit de mai contre trait d'esprit, et, ravi de sa trouvaille et déjà confus, ou faussement contrit, il balance sa vacherie. (…)
M. Raffarin sait que ce n'est pas du niveau d'un premier ministre, ce genre de facilité de comices. Mais qu'y faire ? C'est plus fort que lui. Et, repentance suivra s'il le faut, il saute la barrière, malgré le danger et les panneaux qui l'avertissent déjà. Du genre ferroviaire et fort établi eux aussi: « Attention, un Raffarin peut en cacher un autre ! »
Et donc il récidive allègrement. Quelques semaines après avoir accusé les socialistes de «préférer leur parti à leur patrie», le voici qui en remet une bonne louche. Au prétexte, assez discutable comme alibi, qu'il parlait en famille, de droite s'entend, M. Raffarin, à Strasbourg, s'est lancé dans une belle petite phrase, bien provocatrice et effectivement bien rosée à l'arête : « La France n'en est encore, dans son chemin du paradis, qu'au purgatoire puisqu'il reste des socialistes . » Diable ! Diantre ! Quelle trouvaille ! Les ai-je bien descendus ! L'enfer, le purgatoire, la France diabolique et sulfureuse, la France tirée par les pieds vers l'en bas et le néant, la France rôtie et plombée par les forces de l'obscurantisme satanico-socialiste, la France aspire au vert paradis raffarinien. Dommage qu'il reste une opposition à ce radieux projet, dommage qu'il reste des socialistes I Dommage en somme que la démocratie s'obstine, angélique créature, à penser qu'il lui faut deux ailes pour voler ! (…)
Et là, on se dit : "Mince alors ! Est-ce bien le même discours que j'ai entendu l'autre jour ?"
En bon adepte de l'hyperbole, M. Georges a cru bon devoir en rajouter des tonnes, au risque de sombrer dans le ridicule !
Moi, qui ne suis pas un fan du premier ministre de la France, et encore moins une groupie de l'UMP, j'ai envie de hurler à certains amis lointains : "Héla camarades, du sang froid, que diable ! Où avez-vous vu que Raffarin assimilait le socialisme à l'enfer ? Tout est parti d'une métaphore à propos d'un étroit chemin entre le paradis et l'enfer ; c'est le Bosniaque qui a parlé d'enfer ; Raffarin, lui, parle de purgatoire ! Qui a dérapé dans cette histoire ?"
Il est permis de faire preuve de bonne foi en politique. Et là, certains en ont singulièrement manqué ! Reprenons cette histoire de parti/patrie : "(…) quelques semaines après avoir accusé les socialistes de "préférer leur parti à leur patrie", le voici qui en remet une bonne louche…" (Pierre Georges).
L'ennui, c'est que cette première déclaration, je m'en souviens fort bien : Jean-Pierre Raffarin a littéralement dit ceci : "Ils semblent préférer leur parti à leur patrie…" : ils semblent préférer, et non pas ils préfèrent… La nuance qui change tout ! Encore faut-il avoir de bonnes oreilles, pour entendre !
Moralité : et si, un jour, la pédagogie supplantait la "COM" ?
** Fusillade verbale
Entendu, l'autre jour, sur RTL, M. Jean-Marc Ayrault étalant sa culture ; il y était question de l'Albatros, ce magnifique poème de Baudelaire, mais, pour le coup, très mal revisité par notre député. Et c'est là que je me dis qu'en matière de petites phrases "assassines", côté socialiste, il est très difficile de passer derrière le maître absolu, François M.; demandez à François H. !
Entre nous, je ne l'ai pas trouvé très bon, l'autre jour, l'ami Ayrault. Et c'est là que je lui conseillerais de regarder plus souvent les épreuves sportives, à la télévision – à défaut d'en pratiquer lui-même, je veux parler de la sportivité ! Il aurait vu, par exemple, cette finale dames à Wimbledon, avec les deux plus grandes filles du circuit : Venus Williams et Lindsay Davenport, qui doivent se tenir en 3 ou 4 centimètres, soit pas loin du mètre quatre-vingt-dix pour Davenport. Grandes et agiles : la plus longue finale de tout Wimbledon, chez les filles. Est-ce que la taille a jamais empêché quelqu'un de nager, sauter, jouer au tennis ou au basket ?
Mais le plus beau, dans ce match, ce fut la conclusion : la veille, Davenport avait gagné sur une balle, dans le filet, de Mauresmo ; l'autre samedi, Williams gagne sur une balle, dans le filet, de Davenport. La roue tourne ! C'est peut-être en pensant à cela, et en se disant qu'un jour, elle gagnera sans doute sur une balle, dans le filet, de Williams, que Davenport, vaincue, n'a pas hurlé de rage mais s'est dirigée vers le filet, pour féliciter quelqu'un qu'elle aurait eu de bonnes raisons de détester – voyez le football, ses hooligans, ses cartons rouges ! –, avec cet extraordinaire regard, plein d'humanité et de bienveillance pour son adversaire. Lindsay Davenport est une fille que j'aime beaucoup !
Certains "requins" de la politique devraient faire du sport (du tennis, en tout cas) !
** Lundi de la Pentecôte : Esprit Saint, es-tu là ?
PUB !
Entre nous, je ne l'ai pas trouvé très bon, l'autre jour, l'ami Ayrault. Et c'est là que je lui conseillerais de regarder plus souvent les épreuves sportives, à la télévision – à défaut d'en pratiquer lui-même, je veux parler de la sportivité ! Il aurait vu, par exemple, cette finale dames à Wimbledon, avec les deux plus grandes filles du circuit : Venus Williams et Lindsay Davenport, qui doivent se tenir en 3 ou 4 centimètres, soit pas loin du mètre quatre-vingt-dix pour Davenport. Grandes et agiles : la plus longue finale de tout Wimbledon, chez les filles. Est-ce que la taille a jamais empêché quelqu'un de nager, sauter, jouer au tennis ou au basket ?
Mais le plus beau, dans ce match, ce fut la conclusion : la veille, Davenport avait gagné sur une balle, dans le filet, de Mauresmo ; l'autre samedi, Williams gagne sur une balle, dans le filet, de Davenport. La roue tourne ! C'est peut-être en pensant à cela, et en se disant qu'un jour, elle gagnera sans doute sur une balle, dans le filet, de Williams, que Davenport, vaincue, n'a pas hurlé de rage mais s'est dirigée vers le filet, pour féliciter quelqu'un qu'elle aurait eu de bonnes raisons de détester – voyez le football, ses hooligans, ses cartons rouges ! –, avec cet extraordinaire regard, plein d'humanité et de bienveillance pour son adversaire. Lindsay Davenport est une fille que j'aime beaucoup !
Certains "requins" de la politique devraient faire du sport (du tennis, en tout cas) !
** Lundi de la Pentecôte : Esprit Saint, es-tu là ?
PUB !
Ceci est le projet de campagne publicitaire que j'aurais conçu (détourné) en faveur du Lundi de la Pentecôte non chômé, si j'avais été le responsable de la COM du Premier Ministre ! (Pour mémoire, le premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin, avait proposé que le lundi de la Pentecôte devienne un jour ouvrable, les sommes ainsi récupérées étant reversées à l'aide aux personnes âgées, projet que j'avais approuvé sans réserves, en détournant la "pub" gouvernementale comme ci-dessous.).
Mai 2005 : le Téléthon 2004 a permis d'engranger
105 millions d'euros,
soit bien plus que ce qui avait été promis.
Moralité : quand on le leur demande gentiment,
les Français savent se montrer solidaires !
105 millions d'euros,
soit bien plus que ce qui avait été promis.
Moralité : quand on le leur demande gentiment,
les Français savent se montrer solidaires !
Mai 2005
A l'intention de ceux qui n'ont pas tout compris : le textes qui précèdent démontrent amplement que l'objectivité, ça existe, puisque, malgré la forte aversion que m'inspire quelqu'un comme Nicolas Sarkozy, il m'est arrivé, dans le passé, de prendre la défense de certaines personnalités de droite ! Hé oui, ça m'arrive !